« Garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation. »
Le logement, un droit fondamental
Le logement est l’un des piliers d’une vie digne. Il ne s’agit pas seulement d’un toit, mais d’un espace d’intimité, de protection, et de bien-être qui permet à chacun de s’épanouir, de travailler, d’élever des enfants et de concrétiser ses projets de vie. En France, alors que certains accèdent facilement à des conditions de logement confortables, des millions de nos concitoyens vivent encore dans des conditions inacceptables. Ce constat est une honte nationale que nous ne pouvons plus ignorer.
Une crise du logement qui s’aggrave
La France (hors Mayotte) compte environ 40 millions de logements, dont 80 % sont des résidences principales, et près de 3 millions restent vacants. Pourtant, en 2023, la situation se détériore : 2,4 millions de personnes attendent un logement social (en hausse de 7 % par rapport à 2021), et plus de 4 millions sont mal logées. Le chiffre des sans-abris continue de croître : 330 000 personnes sont aujourd’hui sans domicile fixe, soit plus du double depuis 2012.
La réalité est cruelle : malgré la promesse présidentielle de « ne plus voir personne dormir dans la rue » d’ici 2017, en 2023, 735 sans domicile fixe sont morts dans la rue.
Un mal-logement aux conséquences dramatiques
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 700 000 personnes sont hébergées chez des tiers, faute de solution, et 3 millions vivent dans des logements insalubres ou dégradés. Les conséquences sociales et économiques sont multiples : le froid dans les logements, la précarité énergétique, et l’inflation galopante (+7 %) aggravent les difficultés des familles, fragilisent les enfants dans leur scolarité, et obligent des étudiants à abandonner leurs études.
Le logement est ainsi devenu un symbole de l’inégalité croissante dans notre société. Les politiques actuelles semblent faites pour servir les plus riches, marginalisant encore davantage les classes populaires et moyennes. Avec des taux immobiliers élevés et des exigences d’apports financiers croissants, accéder à la propriété devient un mirage pour la plupart, tandis que la baisse de 35 % de l’offre locative exacerbe encore la crise.
Des réformes nécessaires et urgentes
Pour sortir de cette crise, des mesures de grande ampleur s’imposent :
1. Rénovation énergétique : Investir 300 milliards d’euros sur 30 ans pour rénover l’habitat en respectant l’écologie, lutter contre les passoires thermiques, et garantir à tous un logement décent.
2. Bloquer l’indice de référence des loyers (IRL) à 1 % pour les jeunes de moins de 30 ans et les ménages aux revenus modestes (moins de 1 400 € pour une personne seule, 2 600 € pour un couple).
3. Accélérer la construction de logements sociaux : Fixer un objectif de 150 000 logements par an pour répondre à la demande croissante et aider les millions de personnes dans l’attente.
4. TVA à taux réduit : Appliquer un taux de TVA de 5,5 % pour les constructions de logements sociaux et les travaux de rénovation.
5. Réguler les locations touristiques : Réduire les niches fiscales pour les locations type Airbnb, plafonner les jours de location à 90 par an, et interdire à un investisseur de gérer plus d’un logement en location saisonnière.
Des outils de contrôle renforcés
La loi ALUR de 2014 a introduit le « permis de louer » pour lutter contre les marchands de sommeil, mais cet outil reste trop peu utilisé. Il faut aller plus loin en créant des antennes de services publics « logement » pour contrôler et sanctionner les propriétaires indélicats. De plus, les communes doivent pouvoir imposer des surtaxes aux résidences secondaires, notamment dans les zones où l’accès au logement pour les résidents permanents est difficile.
Une fiscalité plus juste
Il est inacceptable qu’un.e propriétaire de meublé touristique bénéficie d’un abattement fiscal de 71% alors que celui qui loue son bien à l’année ne bénéficie que de 30 %. Ces injustices fiscales doivent être corrigées pour inciter les propriétaires à privilégier des locations longue durée accessibles aux familles.
Le logement, une priorité sociale
Améliorer les conditions d’accès au logement est un levier essentiel pour combattre la précarité, réduire les inégalités, et favoriser le développement humain. Garantir à chacun un logement digne, c’est respecter un droit fondamental, préserver la santé et soutenir l’éducation, car la dignité humaine commence chez soi. La situation actuelle exige une véritable politique de gauche, ambitieuse et solidaire, qui ne laisse personne sur le bord du chemin.
Auteur : Sylvain Larcher, secrétaire de section PS 14 Côte Fleurie